Isabelle Martinez, dont les Petites Conspirations nous avaient enchantés en novembre 2020, poursuit son examen de nos tragédies ordinaires. Elle en tire le fil et les conduit vers des zones plus intimes. Elle pousse ses personnages à l’aune de leurs fragilités, dans ces espaces silencieux qui s’érigent dans les interstices de nos existences. Sortes d’antihéros du quotidien, ils se tiennent, immobiles, face à l’agitation du monde lancé à pleine vitesse dans un consumérisme débridé. Pour entrer en résonance avec ces cinq monologues, portés par deux comédiens d’une grande justesse, elle fait appel à l’œuvre du peintre réaliste américain Edward Hopper, dont les toiles sont au centre d’un remarquable dispositif scénique. Lumières, projections vidéo et jeu d’acteur se superposent, créant ainsi un troublant espace à dimensions multiples. Entre dicible et indicible, visible et invisible…